Thématiques > Les fausses idées de la guerre > L'uniforme des soldats français est à l'origine de milliers de morts
En France, au début de la Grande Guerre, le fantassin est toujours vêtu du pantalon rouge-garance et se distingue, été comme hiver, par une longue et inconfortable capote gris fer bleuté. Lorsque le soldat allemand découvre pour la première fois son adversaire français sur le champ de bataille, il est frappé de la couleur de l'uniforme français. Pour les Allemands, c'est le signe que les Français n'ont pas changé d'uniforme depuis la guerre de 1870 ou que les Français sont montés au front en uniforme de parade. Les Allemands, eux, sont couverts de vert-de-gris. La plupart de autres armées ont adopté, depuis le début du XXe siècle, des tenues plus sobres et plus pratiques. Seul les Français font exception.
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La garance, c'est une plante tinctoriale. Sa racine produit un beau colorant rouge. C'est lui qu'on utilise pour teindre les pantalons des uniformes français depuis 1829. Ce rouge a été choisi pour plusieurs raisons. Primo, il s'agit de s'émanciper d'une nation concurrente qu'est, à cette époque, le Royaume-Uni. Secondo, opter pour le rouge permet aux soldats de bien distinguer, sur le champ de bataille enfumé par l'utilisation des armes à feu, les amis des ennemis. Tertio, la garance est cultivée en France.
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Le rouge-garance, c'est donc la France, et beaucoup doutent ou contestent l'importance de l'invisibilité dans le combat. On croit encore à la valeur du corps exposé et vertical du soldat. C'est seulement en juillet 1914 que Messimy, le ministre de la Guerre, annonce un nouvel uniforme pour l'armée française. À l'origine, ce nouvel uniforme est tricolore : bleu, blanc et rouge ! Il est composé de fibres bleues (60%), rouges (30%) et blanches (10%). Mais rapidement, la France doit renoncer au rouge, faute de trouver des garances en quantité suffisante. Du coup, l'uniforme n'est plus réalisé qu'à partir des fibres bleues (65%) et blanches (35%). C'est le célèbre uniforme bleu horizon. Les nombreuses pertes de l'armée française de l'été de 1914 ne sont pourtant pas uniquement à imputer au pantalon rouge. Que la visibilité des fantassins pourvus de ce pantalon soit supérieure à celle de soldats à l'uniforme plus discret ne fait aucun doute. |
Mais lorsque l'on compare les pertes des fantassins portant le pantalon rouge aux chasseurs à pied, équipés de l'uniforme bleu marine, on remarque que les pertes n'y sont pas supérieures. C'est donc ailleurs qu'il faut trouver les causes de la mortalité des premiers mois de la guerre.
L'emploi de masse de soldats sur le terrain, en colonnes d'unités, ne tenant pas compte de la puissance de feu d'un bataillon ennemi explique largement ces pertes. |