La Grande Guerre

Quand les hommes partent en guerre

La mobilisation générale, c'est aussi celle de toutes les énergies humaines, y compris les femmes et les enfants. Dans l'épreuve de la Grande Guerre qui dure, la population est totalement immergée dans la guerre. Sans cette mobilisation sociale, la détermination des pays en guerre aurait pu fléchir et la victoire s'éloigner. Les Français parlent des gens de l'arrière, les Britanniques du Home front.

Du côté allemand

  • Les infirmières

Dès le début du conflit, de nombreuses infirmières s'engagent dans des organisations allemandes. La plupart d'entre elles exercent à l'arrière, dans des trains sanitaires, des hôpitaux ou des camps de réfugiés selon les avancées des troupes allemandes. Ces infirmières sont officiellement intégrées au système médical de l'armée allemande et se voient ainsi attribuer leur propre domaine d'activité dans l'armée. Les tâches principales de ces infirmières consistent à soigner les soldats blessés, à soigner les malades dans les hôpitaux et à aider les services psychiatriques.

Crédit photo : DRK
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Devenir infirmière est devenue rapidement l’idéal de la volonté féminine de participer à l'effort de guerre. En novembre 1918, 25 000 infirmières auxiliaires servent l'Allemagne.

Crédit photo : LWL
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  • Les marraines de guerre

À venir

  • Les militaires

À venir

  • Les ouvrières

En 1914, le producteur d'armement allemand Krupp n'emploie presque aucune femme. Avec la guerre qui dure et les hommes de plus en plus âgés qui sont appelés sous les drapeaux, les femmes doivent les remplacer dans les usines et dans les champs afin de garder un certain rendement. Ainsi, en 1917, le producteur Krupp compte 30 % de femmes sur ses 175 000 ouvriers.

  • Les espionnes

À venir

Du côté américain

  • Les infirmières

Dès le début de la guerre, des milliers de femmes s'engagent dans le US Army Nurse Corps et dans le Navy Nurse Corps. D'autres préfèrent rejoindre la Croix-Rouge américaine. Alors que les premières forces expéditionnaires américaines se préparent à rejoindre l'Europe, des infirmières et du personnel du génie sont envoyés en avant-garde pour préparer les centres de soins et les hôpitaux. Malgré leurs compétences, les femmes médecins ne peuvent faire partie de l'US Army Medical Corps. Seuls les hommes médecins sont acceptés. Ces femmes médecins se portent alors volontaires à la Croix-Rouge française ou britannique. Au cours de la dernière offensive de 1918, les avancées des troupes obligent les médecins, les infirmières et les aide-soignantes à opérer près des lignes de front. Prenant les mêmes risques que les soldats, certains sont tués lors de bombardements ennemis. À la fin de la guerre, les ambulances motorisées deviennent la clé du traitement médical sur le champ de bataille. De nombreuses femmes qui savent conduire se portent alors volontaires pour servir comme ambulancières. Certaines femmes utilisent même leur propre voiture, y compris Marie-Curie. En juin 1918, 3 millions d'infirmières servent dans l'armée américaine.

Crédit photo : ANC
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  • Les marraines de guerre

À venir

  • Les militaires

Manquant d'effectifs, la Marine américaine enrôle 12 000 femmes engagées comme Yeomen. La plupart de ces femmes servent aux États-Unis sur des bases navales, remplaçant les hommes qui sont déployés en Europe. Certaines Yoemen effectuent des tâches de bureau, d'autres sont camionneurs, mécaniciennes, opératrices radio, opératrices téléphoniques, traductrices, camoufleuses et travailleuses des munitions. Elles ont les mêmes responsabilités que les hommes et reçoivent le même salaire que les hommes, soit 28,75 $ par mois.

Crédit photo : IWM
Crédit photo : Wikipédia
Crédit photo : DP
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  • Les ouvrières

Au moment de l'entrée en guerre des Américains, la plupart des femmes n'ont pas le droit de voter ou de servir dans des unités combattantes. En s'engageant, beaucoup d'entre elles voient la guerre comme une opportunité non seulement de servir leur pays, mais aussi d'obtenir plus de droits et d'indépendance. Les hommes appelés sous les drapeaux sont donc remplacés par des femmes dans les industries et dans l'agriculture.

Crédit photo : DP
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  • Les espionnes

À venir

Du côté britannique

  • Les infirmières

En août 1914, les Britanniques comptent 300 infirmières. Au cours de la première année de guerre, des organismes de charité apparaissent comme la Wowen's Legion et la Wowen's Volunteer Reserve, ainsi que des associations bénévoles. De leur côté, la Croix-Rouge et l'Ordre de Saint John recrutent des femmes volontaires. En ce début de guerre, les femmes sont recrutées comme soutien médical et sanitaire. Les différents organismes distinguent les infirmières professionnelles et les femmes de la bonne société guidées par des valeurs morales élevées.

Crédit photo : National Army Museum
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  • Les marraines de guerre

À venir

  • Les militaires

Dès le début du conflit, les femmes désirent prouver leur valeur à la société britannique et soutenir l'effort de guerre. Cependant, les membres du gouvernement britannique sont initialement réticents à les impliquer car pour eux les femmes ne sont pas suffisamment compétentes pour le travail militaire. En 1916, devant les pertes britanniques élevées, le ministère du Service national envisage de faire appel aux hommes ayant la cinquantaine pour renforcer les forces engagées dans le conflit. Cette idée est vite abandonnée car l'ensemble de ces hommes ne seraient pas suffisants pour combler les pertes subies. Ainsi, en février 1917, le corps auxiliaire féminin - Women's Army Auxiliary Corps ou WAAC - est créé. Le WAAC recrute des femmes non combattantes qui peuvent aider à l'effort de guerre en remplaçant des hommes qui réalisent des tâches non combattantes telles que le travail dans les magasins, dans les administrations et dans la restauration. Les hommes ainsi libérés pourront rejoindre les forces combattantes. Au départ, il est prévu que ces femmes auxiliaires ne servent qu'en Grande-Bretagne. Malgré cela, le 31 mars 1917, les premières cuisinières du WAAC rejoignent le front de l'ouest pour suppléer les cuisiniers. En 1918, des femmes médecins arrivent à leur tour sur le front de l'ouest.

Crédit photo : IWM
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Impressionné par le travail du WAAC, le Queen Mary en prend le commandement. Le 09 avril 1918, le WAAC devient le Queen Mary's Army Auxiliary Corps ou QMAAC. Une partie des membres du QMAAC employées dans les stations aériennes du Royal Flying Corps, est transférée à la Women's Royal Air Force lors de la formation de la Royal Air Force. Entre février 1917 et novembre 1918, 50 000 femmes s'engagent dans le WAAC ou le QMAAC dont 17 000 servent outre-mer. Parmi ces femmes exposées au danger au même titre que les hommes, 81 sont tuées principalement lors de bombardements ennemis et 5 reçoivent la Médaille militaire pour leurs services. La démobilisation des membres du QMAAC commence dès le mois de novembre 1918. Le QMAAC sera dissout le 27 septembre 1921.

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  • Les ouvrières

Le gouvernement britannique estime que 800 000 femmes sont employées dans les secteurs de l’industrie de l’armement. Les trois quarts d’entre elles travaillent sous l’égide directe du ministère de l’Armement suite aux échecs de l’industrie privée au début du conflit. Les conditions de travail dans ces usines sont difficiles. Chaque jour, les ouvrières travaillent entre 10 et 12 heures et certaines sont exposées à des matières dangereuses, ce qui a un impact désastreux sur leur état de santé. L’empoisonnement par le TNT est courant et entraîne le jaunissement de la peau, ce qui vaut aux ouvrières le surnom de Canary Girls. D'autres ouvriers et ouvrières souffrent de maux d’estomac, de vertiges, de somnolence et de gonflement des mains et des pieds. Des accidents surviennent également lors de la manipulation quotidienne de produits chimiques explosifs. Ainsi, le gouvernement britannique déplorera à la fin de la guerre, la perte de centaines d'ouvriers et d'ouvrières dans les usines d'armement.

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  • Les espionnes

À venir

Du côté français

  • Les infirmières

Plus de 100 000 femmes s'engagent comme infirmières pour aider les secouristes et médecins rapidement débordés devant le nombre croissant de blessés qui ont besoin de soins. Ces volontaires sont essentiellement des religieuses, des dames de la Croix-Rouge et des filles de l'assistance publique. Elles travaillent principalement dans les hôpitaux et dans les maisons de convalescence. Parmi ces infirmières, une minorité accepte d'être logée près du front afin d'accompagner les soldats blessés qui doivent être transportés vers les hôpitaux de l'arrière. Leurs tentes sont installées à une distance minime du champ de bataille malgré le danger que représentent les bombardements ennemis. Le travail de ces infirmières consiste à administrer aux blessés des analgésies, les aider dans leur toilette, seconder les chirurgiens qui les opèrent, mais également les soutenir tout au long de leur processus de guérison.

Crédit photo : DP
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La plupart de ces infirmières sont des bénévoles qui sont regroupées en trois sociétés d’assistance enregistrées auprès du ministère de la Guerre :

  • La Société de Secours aux Blessés (SSBM)
  • L’Association des Dames Françaises (ADF)
  • L’Union des Femmes de France (UFF)

En général, les infirmières sont vêtues d’une blouse blanche et portent une coiffe ainsi qu'un insigne de la Croix-Rouge indiquant leur qualification. Leurs outils de travail sont sommaires et les médicaments disponibles sont souvent remplacés par des ersatz moins coûteux mais moins efficaces. À partir de 1916, toutes les ambulances sont conduites par des femmes, car elles sont disponibles à tout moment et prêtes à intervenir dans toutes les situations. Avec le soutien de dames fortunées de la Croix-Rouge, Marie-Curie créée une flottille de 20 véhicules dotés chacun d'un appareil à rayons X qui aident les médecins dans leurs diagnostics et leurs opérations d'urgence. Ces véhicules sont surnommés « les petites curies ».

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  • Les marraines de guerre

Dès le début de la guerre, des oeuvres de charité et des personnes de bonne volonté aident les soldats partis sur le front en leur apportant un soutien moral ou matériel. Ces femmes manifestent un grand élan de solidarité avec les soldats français, dicté à la fois par la compassion et le patriotisme. Cet élan prend plusieurs formes dont celui des « marraines de guerre » dès janvier 1915. Chaque marraine entretient une correspondance avec un ou plusieurs « filleul(s) », qui sont en principe choisi avec l’accord de l’officier commandant de l’unité. Chaque marraine peut lui envoyer des lettres et des colis de denrées. À partir de 1916, elles ont la possibilité de recevoir leur filleul en permission. De mère ou de soeur de substitution, la marraine devient la jeune femme à séduire ou séductrice. Des idylles naissent entre marraines et filleuls. La presse passe même de petites annonces de femmes désireuses de devenir marraines et de soldats à la recherche d'une marraine. Le haut commandement français finit par craindre que l’espionnage ne profite du phénomène. Ce mouvement n’en concourt pas moins à la consolidation du moral des troupes en venant notamment en aide à de jeunes soldats sans attaches et à ceux des régions envahies. Les institutrices se révèlent des marraines très actives. Elles connaissent l’art d’écrire des lettres et font adopter des filleuls par leurs élèves.

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Crédit photo : ECPAD
  • Les militaires

À venir

  • Les ouvrières

Même si elles n'ont pas bonne presse, les femmes sont indispensables à l'effort de guerre. Même en travaillant jusqu’à douze heures par jour, elles ne sont payées que la moitié du salaire des hommes. Malgré ce désavantage social, 420 000 femmes s'engagent comme ouvrières jusqu'à la fin de la guerre. Ces femmes sont essentiellement recrutées comme « munitionnettes ». D'autres sont engagées comme techniciennes, soudeuses, receveuses de tramway et d'autres métiers jusque-là réservés exclusivement aux hommes. C'est grâce à la Grande Guerre que les femmes françaises peuvent enfin porter le pantalon, beaucoup plus pratique pour le travail en usine que la robe habituellement portée par ces dames. La loi doit alors s'adapter, car jusque-là le port de vêtement masculin est une transgression sociale et condamnée par la justice française.

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Il est à noter que la propagande de recrutement des ouvrières ne montre que des femmes pimpantes, coquettes comme si la frontière de la féminité et de la masculinité ne doit pas être franchie. Restées dans l'ombre, les femmes d'agriculteurs remplacent leurs hommes partis à la guerre. Des fermières, déjà habituées au travail de la ferme, se retrouvent seules face à la gestion complète de leur ferme. L'appel aux femmes dans les campagnes comme dans les villes, pour remplacer aux champs et dans les usines les hommes mobilisés au front, n’a pas permis à lui seul de faire face à la pénurie de main-d’oeuvre. Le gouvernement français doit aussi recourir aux jeunes, aux personnes âgées et aux travailleurs indigènes venus des colonies.

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  • Les espionnes

Une minorité des femmes va trouver une occasion de participer à une autre forme de combat en s’engageant comme espionnes. Bien que mené sans arme à feu, l’espionnage est très dangereux et peut entraîner le sacrifice de sa vie. À partir de 1915, e part et d’autre du front, il est fait appel à des femmes, souvent polyglottes, pour devenir espionnes. Les commandements veulent remplacer les hommes-espions, plus facilement repérables que les femmes. Elles ne font pas l’unanimité dans l’opinion française, compte tenu des méthodes de séduction auxquelles quelques espionnes, comme Mata-Hari, ont recours.

  • Les femmes des villes

En 1914, lorsque la propagande vante la régénération morale de la nation par la guerre, les prostituées sont les bienvenues. Lorsqu'elles sont considérées par l'armée comme espionnes potentielles, des rafles sont organisées autour du front pour les ramener vers l'arrière. À peine de retour, elles reprennent leur marche vers les avant-postes étant donné que leurs clients s'y trouvent. Face à cette chasse aux sorcières, le haut commandement change son point de vue, et constatant que la guerre va durer et que le manque de sexualité peut miner le moral des soldats, il se décide à organiser la prostitution. Le haut commandement distribue des sauf-conduits aux prostituées pour travailler dans des maisons closes situées dans des cantonnements militaires ou des villes proches du front. Par la suite, le haut commandement, qui craint le développement de maladies vénériennes, crée, dès le mois de mars 1918, le bordel militaire. Celui-ci est géré par un tenancier choisi par l'armée. Les prostituées sont régulièrement inspectées par les médecins désignés par les militaires.


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