La Grande Guerre

L'Europe redessinée après la Grande Guerre

L'empire russe

  • En 1914

Avant le déclenchement de la Grande Guerre, l'empire russe se subdivise en 81 gouvernements, 20 oblasts (régions) et 1 okroug (Sakhaline). Les vassaux et les protectorats de la Russie comptent le khanat de Boukhara et le khanat de Khiva. L'Empire comprend également le royaume de Pologne (1815–1915), placé sous le patronage de la Russie par le congrès de Vienne, et le grand-duché de Finlande (1809 – 1917). L'empire compte environ 128 millions d'habitants dont 70% vivent en Russie.

L'empire russe en 1914
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Crédit photo : guerre1418.org

Lors du déclenchement de la Grande Guerre, l'empire russe possède une armée composée de millions de soldats. Les Russes entrent en guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie pour venir en aide à la Serbie, son alliée. Trois ans plus tard, début 1917, éclatent des mouvements sociaux, suscités par le poids de la guerre sur l'économie, les pertes sur un front réduit à une stratégie défensive, l'instabilité des dirigeants et la défiance vis-à-vis du tsar, hostile à toute réforme. Le refus des troupes de réprimer les manifestations et la lassitude des classes dirigeantes obligent le tsar Nicolas II à abdiquer. Ainsi éclate la révolution de février 1917 et la Russie devient une république. Un gouvernement provisoire est alors constitué, présidé par Alexandre Kerenski. Tout en esquissant des réformes, celui-ci tente malgré tout de respecter les engagements de la Russie vis-à-vis de ses alliés en poursuivant la guerre. L'impopularité de cette dernière mesure est exploitée par le parti des bolcheviks qui le 25 octobre 1917 renverse le gouvernement à Saint-Pétersbourg par les armes. La paix est signée à Brest-Litovsk avec les Allemands au prix d'énormes concessions territoriales. Ainsi l'empire russe perd la Pologne, la Finlande, une partie de l'Ukraine, la Biélorussie, les pays baltes, etc., soit environ 800 000 km². Une guerre civile s'ensuit et oppose pendant près de cinq ans les « blancs » aux bolcheviks.

  • En 1922

Après leur victoire, le 22 décembre 1922, les bolcheviks instaurent l'Union des républiques socialistes soviétiques. La Russie devient une des républiques de l'Union. La République socialiste fédérative soviétique de Russie est née. Au terme de cette guerre civile, une terrible famine ravage, causant plusieurs millions de morts. Les causes de cette famine sont complexes : sécheresse, réquisitions imposées par les différents camps au cours des années précédentes, désorganisation des campagnes à la suite de la guerre et des réformes agraires, déportation dans les goulags de nombreux travailleurs, blocus des pays alliés.

L'empire allemand

  • En 1914

Sur le plan politique, économique et social, l'empire allemand est marqué par le développement d'une industrie de pointe. Il passe d'un État rural à un État industrialisé. Le secteur tertiaire se développe, le commerce et la finance prennent une place plus importante. Les réparations de guerre de la France encouragent ce développement, qui est toutefois temporairement ralenti par le krach de 1873. Le développement des politiques intérieure et extérieure se fait sous l'impulsion du chancelier impérial Otto von Bismarck jusqu'en 1890. En 1890, Bismarck est contraint à la démission. Le nouveau Kaiser Guillaume II mène un règne plus personnel, même s'il reste sous l'influence d'autres personnalités. Ses décisions prennent parfois une tournure incohérente ou imprévisible. Cette période est appelée fréquemment « ère wilhelminienne ». La montée d'organisations et de partis de masse ainsi que l'importance croissante de la presse renforce le poids de ces derniers dans l'opinion publique. En réaction, le gouvernement mène une politique d'expansion coloniale et d'armement de la flotte très populaires pour compenser des politiques générales anti-sociales-démocrates. L’Allemagne renforce sa domination maritime et devient une puissance rivale des autres puissances coloniales dans le partage du monde, notamment avec le Royaume-Uni. Début 1914, l'empire allemand est la première puissance militaire européenne.

  • En 1918

Le 09 novembre 1918, deux jours avant l'application de l'armistice, a lieu la révolution de novembre. Au matin, le chancelier Maximilian von Baden, après avoir décrété l’abdication de l’empereur Guillaume II et la renonciation au trône du prince héritier Wilhelm, démissionne et transmet ses pouvoirs à Friedrich Ebert, chef des sociaux-démocrates majoritaires. Le même jour, la république est proclamée par Philipp Scheidemann et la république socialiste par Karl Liebknecht. L'empire allemand n'existe plus et est remplacé par la République de Weimar. Par la suite, les différents traités de paix provoquent l'amputation de 90 000 km² du territoire allemand, ce qui représente un huitième de sa superficie. À l'ouest, la France récupère l'Alsace-Lorraine. Des territoires frontaliers sont cédés à la Belgique et au Danemark. La Sarre, placée sous tutelle de la Société des Nations, pourra, selon les termes du traité de Versailles, décider au bout de quinze ans de son rattachement à la France ou à l'Allemagne. À l'est, la Prusse orientale se trouve séparée du reste de l'Allemagne pour laisser un accès à la mer à la Pologne reconstituée. C'est le fameux couloir de Dantzig.

L'empire austro-hongrois

  • En 1914

L’Autriche-Hongrie est, après la Russie, le plus grand État d’Europe avec une superficie de 676 249 km2. L'empire habsbourgeois est une double monarchie composée de l'Autriche et de la Hongrie. Ce compromis politique avec la noblesse hongroise lèse les intérêts des autres peuples de la « double monarchie », slaves. En 1914, l’armée austro-hongroise est le reflet de la disparité de l’Empire. Les Serbes et les Croates sont envoyés en garnison à Vienne ou à Budapest, les germanophones en Bosnie, les Tchèques en Hongrie, les Roumains en Galicie, les Polonais en Transylvanie, les Hongrois en Bohême ou en Bucovine pour tenter d’unifier cet empire multiculturel. La cohésion au combat n’est pas évidente.

  • En 1918

À la fin de la Grande Guerre, l'empire austro-hongrois n'existe plus. Le premier pas vers l'indépendance est réalisée par le conseil nationale des Hongrois. Ce processus aboutit au remplacement de l’Empire austro-hongrois par sept « États-nations ». Certains sont nouvellement indépendants, allant ainsi bien au-delà des anciennes revendications nationalistes. Ainsi l'empire austro-hongrois laisse place à l'Autriche, à la Hongrie, à la Tchécoslovaquie et au royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Quand à la Pologne, elle renaît après plus d'un siècle de disparition des cartes de l'Europe. La Hongrie perd un tiers de sa superficie qui est redistribuée en faveur de la Tchécoslovaquie. L’Italie et la Roumanie s'agrandissent aux dépens de l'ancien empire. Ces profonds changements sont officialisés durant les deux années suivantes par la signature des traités de Saint-Germain et du Trianon qui consacrent la fin de l’Empire, l’interdiction pour les Habsbourg de résider en Autriche, mais aussi l’interdiction pour les Allemands d’Autriche, ainsi exclus du fameux « droit des peuples », de s’unir à la République de Weimar.

L'empire ottoman

  • En 1914

En 1908, la tension entre le rigide sultan Abdülhamid II et les courants réformateurs poussent le parti des Jeunes-Turcs à s'emparer du pouvoir. Malgré les réformes, l'empire perd ses territoires nord-africains puis le Dodécanèse dans la guerre italo-turque de 1911. Il perd ensuite pratiquement tous ses territoires européens lors des guerres balkaniques qui durent de 1912 à 1913. La volonté des Jeunes-Turcs de relever l'Empire ottoman les entraîne dans l'alliance avec l'Empire allemand.

  • En 1918

Alliés à la Triple-Alliance, les Jeunes-Turcs voient leur empire démantelé à l'issue des différents traités de paix. Ainsi, le traité de Sèvres voit les territoires à majorité arabe (Syrie, Palestine, Liban, Mésopotamie, Hedjaz, Asir, Yémen) détachés de l'Empire ottoman. La côte égéenne est occupée par les Grecs et les Italiens. Les détroits des Dardanelles et du Bosphore sont retirés de l'empire. La majeure partie de la Thrace devient grecque. L’Arménie au nord-est se détache. L’empire ne conserve sa pleine souveraineté qu'en Anatolie centrale et septentrionale. Il ne reste à l'Empire ottoman que 783 562 km² kilomètres carrés, soit environ 23 % des 3 400 000 km² d'avant la guerre. Pour avoir signé pareil traité, le sultan perd toute légitimité aux yeux de la population et de l'armée. Les anciens combattants se rassemblent autour de Mustafa Kemal Atatürk, qui chasse les Européens d'Anatolie et s'impose comme chef du gouvernement, reléguant le sultan à un rôle honorifique. En 1923, il abolit l'Empire ottoman et le califat pour fonder, par la guerre d'indépendance, la Turquie moderne.


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